Des aides à l’agriculture à la spéculation financière, de la valorisation des produits du Charolais aux échanges scolaires: l’Europe a fait salle comble à Chauffailles.

Ce vendredi 25 janvier il faisait froid et humide, mais Françoise a partagé sa délicieuse soupe avec moi juste avant notre débat – mon soixantième, car il s’agit du 30ème département que je découvre pour débattre avec les Français de l’avenir de notre continent. Plusieurs maires, des anciens élus et surtout une trentaine d’habitants de Chauffailles et des alentours – parfois à une heure de route-, la salle de la République avait la tête dans les 12 étoiles du drapeau bleu.

Très concentrés, des résidents Anglais étaient au second rang, ils avaient sur eux des feuilles qu’ils distribuaient pour inviter les habitants à rejoindre une association d’amitié européenne, contre le Brexit qui s’approche à grand pas – le 29 mars 2019 at 11 o’clock, precisely.

Dans ma main pendant le débat, je tiens un petit livre bleu que mon équipe britannique a élaborée pour expliquer aux Écossais, concrètement, ce qu’apportait l’adhésion à l’Union européenne. Je raconte le cauchemar du Brexit vécu de l’intérieur du Parlement européen et à travers ces centaines de rencontres que j’ai pu avoir avec des agriculteurs, des pêcheurs, des syndicalistes, des étudiants, des chercheurs, des infirmières ou des défenseurs de l’environnement… même les chiens et les chats y perdent.

Entretien avec le Journal de Saône-et-Loire, en accès libre: https://www.lejsl.com/edition-charolais-brionnais/2019/01/25/nous-avons-besoin-de-l-europe

Le boeuf aux hormones Américains, que nous avons interdit chez nous dans l’UE, pourrait débarquer outre-Manche à l’avenir car en nous quittant les Britanniques perdent une bonne partie de leur influence dans le monde. La vache charolaise est une grande fierté dans la région, elle s’exporte dans 70 pays et représente près de 25% des effectifs de vache à viande de l’UE – elle aurait même détrôné sa voisine bretonne… C’est grâce à la grande qualité des sols -que j’ai parcouru le lendemain-, mais c’est aussi grâce… à l’Europe!

En effet la charolaise est protégée dans toute l’UE: pas de taxe, pas de quotas, des normes phytosanitaires exigeantes pour tous, une interdiction de discrimination au sein du marché européen, et, surtout, une arsenal juridique européen offrant près de 10 milliards d’euros de subventions à l’agriculture française chaque année.

Et ce n’est pas tout. Le Parlement européen et les 28 veillent à ce que notre modèle agricole soit préservé et défendu dans le monde face aux (autres) géants brésiliens, canadiens ou australiens. La traçabilité de nos aliments, l’interdiction d’une quantité très importante de produits permis outre-Atlantique, la valorisation locale avec des labels stricts sont tous le fruit d’une stratégie commune, européenne.

Label Rouge, Label Bio, AOC/AOP (Appellation d’Origine Protégée), IGP (Indication Géographique Protégée), ces dénominations françaises et européennes donnent un sens à nos produits.

Petit extrait des remarquables AOC/AOP du 71 ici et des IGP du 71 ici, vous y retrouverez le boeuf de charolles, le fromage mâconnais et charolais, la crème et la volaille de bresse ou encore le beurre de bresse…

A Epernay dans la Marne j’avais expliqué comment l’UE avait tapé du poing sur la table, en tant que grande puissance économique, pour que les Etats Unis interdisent les « Champagnes » made in USA en 2003. Pareillement, si les Californiens décident d’appeler un vin « Saône-et-Loire » tel le fameux vin protégé du 71, la France et ses partenaires européens parleront d’une voix pour faire plier les Etats Unis. Vous avez bien lu: les relations internationales sont sans merci, et ce n’est qu’en pesant de tout notre poids que d’autres puissances négocient.

Pause chiffres #1: La France représente environ 2,9% de l’économie mondiale, l’UE 23%. L’UE = 8 fois la France. Plus que les Etats Unis!

Pause chiffres #2: Or la Chine vient de tous nous dépasser… en triplant la valeur de sa production économique depuis 2007.

Ce travail d’équipe que nous faisons bien mieux que tout autre continent du monde, il comprend deux institutions qui prennent les décisions: le Parlement européen et nos 28 gouvernements élus. Le 26 mai donc, vous aurez à voter pour un nouveau Parlement qui devrait décider d’environ 400 lois européennes pour 2019-2024.

A quoi sert le Parlement européen? Je vous invite à revoir mon dernier Facebook Live si vous avez 10-15 minutes, ou à relire les conclusions de notre débat sur « Pourquoi voter aux européennes » en Haute Savoie, dans la Somme, dans le Val de Marne à Vitry, à Chanteloup en Seine-et-Marne, dans l’Aisne, en Ardèche… ou dans chacun de nos 60 débats. Les raisons sont infinies pour se mobiliser contre un projet destructeur, notamment celui de l’extrême droite qui progresse comme jamais depuis la fin de la dernière guerre.

Un tiers des députés européens de France sont d’extrême-droite, depuis 2014. Quant à Mélenchon, il brillait par son absence. En deux mandats je ne l’ai jamais vu prendre la parole en commission, pourtant le lieu où les lois européennes sont préparées et les positions de chacun expliquées pour parvenir à un compromis lors du vote final. Son taux de participation en commission était en effet de 13%, avant qu’il ne devienne député à l’Assemblée nationale pour mieux râler contre la présence du drapeau européen à côté de notre drapeau français. Nationalistes de tous bords, ne touchez pas à notre Europe.

Sauvons la construction européenne, ce miracle humain, avant qu’il ne soit trop tard.

Il faut donc l’améliorer d’urgence. Un maire nous a par exemple rappelé la complexité des subventions européennes qui ne laissent pas aux petites communes la possibilité de les remporter, car les dossiers nécessitent des experts. D’autres participants ont fait remarquer qu’en s’unissant les communes françaises pouvaient y arriver. N’oublions pas le carcan administratif français: notre population représente 13% de l’UE mais la France a un tiers du nombre de communes de l’UE. Incapables de recruter des experts dans chaque commune, les subventions sont principalement distribuées via notre Etat, nos régions et nos départements.

Nous avons aussi débattus lobbies, concurrence, démocratie, justice fiscale, GAFA, solidarité et élevage de moutons – deux heures (3?) passionnantes et ouvertes à tous, grâce au Comité de Chauffailles et En Marche Saône-et-Loire.

Merci aux organisatrices du Comité de Chauffailles pour cette initiative, mais aussi pour leur accueil et leur tour du Sud Brionnais le lendemain! Bravo avant tout à Laurence Gauthier chargée de mission Actions Ruralité LaREM, Hélène Labrosse, Armele Portelli, Georges, Sadia, Stéphane, Jean-Luc, Jean-Pierre, François, Rolland et bien sûr Françoise pour la soupe pleine de protéines pour débattre dans nos superbes territoires – notamment!

Pour suivre l’Europe dans nos départements, suivez-moi sur Twitter, Instagram ou Facebook via @SchamsEU

Armele a remporté le petit livre bleu des Remainers! (et Sadia, à gauche, a posé de super questions sur le budget européen et la solidarité entre régions européennes)