J’étais ravi d’avoir débattu Brexit et indépendance de l’Ecosse avec deux eurodéputés écossais, à Bruxelles. Il s’agissait de Sheila Ritchie des LibDems (centre) et Christian Allard du SNP (centre-gauche), avec le European Policy Center et CFEP Brussels, les organisateurs de ce débat passionnant.
Comme je l’ai dit en conclusion, à titre personnel, je soutiens en Écosse toute dynamique pro-européenne, progressiste, inclusive. Ayant travaillé quatre ans pour l’eurodéputé écossais de centre-gauche Alyn Smith (SNP), je n’ai aucun doute sur la sincérité des ambitions européennes de la grande majorité des indépendantistes écossais.
Au-delà des obstacles économiqies…
Cependant, il reste beaucoup à faire pour convaincre l’autre moitié de l’électorat écossais de la justesse de leur cause. Les obstacles sont réels : économiques et monétaires, d’abord. Mais aussi, dans une moindre mesure, politiques. L’Ecosse, que l’on prenne les positions des Lib Dems ou du SNP, n’aurait pas soutenu une Europe politiquement plus intégrée. Exemples : opposition au projet d’assiette commune consolidée d’imposition sur les sociétés, opposition aux listes transnationales pour les européennes, opposition à l’euro pour des raisons certes évidentes vu leur intégration à la zone monétaire britannique.
La contribution écossaise à l’Europe est déjà impressionante
Mais cela ne les empêcherait pas d’être un acteur important dans la lutte contre le réchauffement climatique (leadership dans les renouvelables, l’éolien off-shore…), le tourisme (the Highlands), la création artistique (the Fringe !), la recherche et l’enseignement supérieur (Édinbourg, Saint Andrews, Stirling…), et même les jeux vidéos (Rockstar Games). Sans parler de leur contribution budgétaire aux politiques européennes (l’Ecosse aurait le 14e PIB de l’OCDE en tant qu’État indépendant, pour 5,5 millions d’habitant, comme le Danemark).
Je soutiendrais aussi l’autre solution toute aussi européenne : le maintien de l’ensemble du Royaume Uni dans l’Union européenne. Un scénario certes très improbable mais qui serait une bonne nouvelle pour la France et l’avenir de notre continent dans le monde. Mais le navire britannique, torpillé en 2016 par la tentation nationaliste, n’est pas près de se relever. Son passager écossais pourrait donc être tenté par son propre nationalisme, plus humble et inclusif, pour retrouver le continent et la protection qu’il confère. Ce serait un message positif fort pour l’avenir de la construction européenne.
L’Ecosse arrivera-t-elle à passer le cap de l’indépendance pour (re)joindre l’Union européenne ? Rien de moins certain en mer du Nord, où s’engourdit si rapidement la nage.
Les Européens, les progressistes, LibDem SNP Greens ou Labour ou ex-Tory, doivent se retrousser les manches et s’unir avant les élections du 12 décembre prochain…
Sinon, une page de la construction européenne sera définitivement tournée le 31 janvier.