Même à 6 000 km de Bruxelles, dans une petite salle de la mairie d’Ottawa, on aimerait débattre de l’Europe et des gilets jaunes.

Après avoir fait deux débats sur Brexit et l’immigration en mai à Montréal, j’ai eu le plaisir de rencontrer une vingtaine d’Européens et de Canadiens ce dimanche soir – malgré la rentrée scolaire et le Noël ukrainien, que fêtent plus d’un million de Canadiens.

Pourquoi se préoccuper de l’avenir de l’Union européenne et du mouvement des gilets jaunes au Canada? Peut être parce que nous partageons tous les mêmes rêves, les mêmes peurs.

Je suis revenu sur les nombreux parallèles que nous pouvons faire entre le Canada et l’Union européenne en introduction, en revenant sur le CETA -l’accord entre l’UE et le Canada, sur lesquels j’ai travaillé et publié dans l’Express, les médias canadiens ou européens. Nous avons bien entendu exploré les conséquences du Brexit sur le Canada (que j’avais explicité dans cet article du Huffington Post Canada). Le Brexit vécu de l’intérieur n’a rien de sympathique, c’est plutôt un cauchemar pour le citoyen lambda britannique, comme je l’ai rappelé dans cette tribune.

Ainsi, nous constatons des dynamiques communes à tous ces sujets: désinformation massive, méfiance croissante d’une partie de l’opinion publique, sentiment d’impuissance des institutions et des partis traditionnels. L’une des raisons pour laquelle les gilets jeunes ont toute leur place dans ce débat.

Mais au delà, que doit et que peut faire l’Europe pour les gilets jaunes? C’était le coeur de notre échange, car l’Europe doit entendre les gilets jaunes (il s’agit de ma tribune du 11 décembre, sur Mediapart).

Revenons sur certaines revendications des gilets jaunes. Plus de moyens d’expression, plus de pouvoir d’achat.

L’expression démocratique aura toute sa place le 26 mai 2019, aux élections européennes dont la représentation à la proportionnelle la distingue d’ailleurs de l’Assemblée nationale française. L’initiative citoyenne européenne, une innovation de l’UE, est un instrument largement sous-exploité. Faire une pétition européenne pour protéger la qualité de l’eau et la considérer comme un bien public? Les Allemands, les Autrichiens ou les Belges l’ont proposé, avec succès.

Le pouvoir d’achat est aussi fondamental dans ce débat. Or du marché intérieur à l’euro en passant par la protection des droits des consommateurs, l’Union européenne a apporté des solutions. L’essence et le gazole seraient bien plus chers avec le franc. L’euro nous protège bien plus efficacement car il est plus crédible internationalement, donc lorsque nous achetons un baril de pétrole de Brent (toujours en dollars) la conversion en euro nous fait faire de précieuses économies.

Saviez-vous que les plus grands programmes de recherche publique au monde sont ceux de l’Union européenne? Or ce programme de 85 milliards d’euros du nom d’Horizon 2020, nous permet d’investir dans une infinité de travaux scientifiques pour réduire le coût de la vie. Des voitures plus légères, moins chères et plus résistantes mais moins polluantes, on en fait à l’institut Jean Lamour de l’Université de Lorraine que j’ai pu découvrir en décembre. Sans les financements européens à l’achat des équipements des chercheurs, les PME de Meurthe-et-Moselle n’auraient pas pu innover et devenir leaders européens dans leurs secteurs.

D’ailleurs, le Parlement européen a voté en octobre 2018 l’augmentation des subventions publiques européennes pour l’achat de voiture électriques – actuellement réservée aux ménages aisés. Conjuguer mobilité, pouvoir d’achat et lutte contre le réchauffement climatique n’est pas impossible, mais il faut s’en donner les moyens. Il faut décupler le budget européen, tout en créant des champions industriels européens de la batteries électriques -actuellement fabriquée uniquement en Asie-, voilà peut être une partie de la solution.

Rappel en passant: le premier groupe de députés européens représentant la France a voté… contre ces aides européennes. Le FN/RN veut des voitures chères et polluantes plutôt que l’union de nos forces industrielles en Europe. Allons-nous les laisser remporter les élections le 26 mai 2019, comme en 2014?

Tout dépend de vous, y compris des Français du Canada qui pourront voter du moment qu’ils sont inscrits sur les listes consulaires avant le 31 mars.

Pour en savoir plus sur l’Union européenne chaque semaine très concrètement, rendez-vous sur @SchamsEU sur Twitter, @SchamsEU sur Instagram ou @SchamsEU sur Facebook, ou découvrez la fameuse potion magique « Europa » sur mon site.

Last but not least un grand bravo à En Marche Canada et au chaleureux comité d’En Marche Ottawa-Gatineau pour son invitation!