Mardi 19 février à Nogent, j’ai eu le plaisir d’animer un débat exceptionnel devant une salle comble, avec Claire Genta et Micol Bertolini.
Dans trois mois, les Européen(ne)s seront appelés aux urnes. Remettre en question les droits des femmes comme en Italie, en Pologne ou en Hongrie ou, au contraire, défendre les droits sexuels et reproductifs dans le monde? S’opposer au global gag rule de Trump, ou se taire? Financer davantage les associations de défense des droits et de sensibilisation du public, ou couper leurs financements publics européens?
Il manquait 7 voix au Parlement européen sur l’avortement.
Claire Genta, intervenante du débat, ex conseillère à la commission des droits de la femme et de l’égalité des sexes.
A 7 voix près, le rapport Estrela sur les droits sexuels et reproductifs a été rejeté fin 2013 au Parlement européen, notamment suite à la mobilisation des eurodéputés conservateurs -dont certains membres des « Républicains » actuels- et de l’extrême-droite.
Même si l’Union européenne n’a pas de compétence sur l’avortement, elle finance des programmes importants contre les discriminations, l’exclusion et la violence envers les femmes partout en Europe, ce dont bénéficient les associations françaises depuis 20 ans (programme Daphné).
Plusieurs lois européennes – des directives – ont établi des standards, Claire a cité un exemple:
Depuis 2013, le mandat d’arrêt européen peut protéger les femmes subissant les violences de leur conjoint au delà des frontières nationales.
Discriminations à l’embauche pour les femmes enceintes, lutte contre la traite humaine (rapprochement des sanctions), égalité salariale pour un même emploi (condamnation des Etats), équilibre vie privée-vie professionnelle, droit au congé parental…
Pour un résumé des lois européennes défendant l’égalité des sexes, voir cette synthèse du Parlement européen.
Progresser / régresser : l’exemple de l’Italie de Salvini
Micol Bertolini, notre intervenante italienne de la ville de Vérone, étudie en France depuis deux ans. Choquée par les conséquences de l’ascension au pouvoir de l’extrême-droite en Italie, elle a témoigné d’une situation alarmante pour les droits des femmes.
L’allié de Marine Le Pen, la Ligue de Mateo Salvini, exécute son programme: fin des aides aux associations de défense des droits des femmes, lutte contre le planning familial et l’éducation sexuelle dans les écoles, campagnes contre l’avortement…
En passe de doubler son score aux européennes de mai 2019, l’extrême-droite italienne entend faire campagne contre l’avortement et, au niveau européen, contre le Président français.
L’Europe centrale et orientale n’est pas en reste: Monica Radu, citoyenne roumaine travaillant à Paris, nous raconta l’impact du retour à l’institution catholique pour l’égalité hommes-femmes en Roumanie, après des décennies de dictature communiste.
Sylvie dans le public posa la question de la responsabilité de l’Eglise dans la promotion de ces inégalités. Ahmed demanda comment réformer les manuels scolaires pour mieux sensibiliser à l’égalité. Christine rappela que, contrairement aux préjugés français, l’Allemagne était loin derrière la France en terme d’insertion des femmes dans le marché du travail et de stigmatisation de ces dernières quand elles ne mettaient pas leur carrière en second plan pour s’occuper des enfants – d’où un écart de rémunération des plus importants outre-Rhin. Antoine, ex responsable à la CFDT, a partagé son expérience sur l’application des accords syndicaux en la matière.
J’ai personnellement souhaité organiser ce débat parce que notre société est profondément en retard sur ses prétentions. Outre les arrêts européens que j’ai cité (accès à l’armée pour les femmes allemandes, égalité entre hôtesses de l’air et stewards en Belgique, accès à la police pour les femmes grecques, protection des danoises enceintes au travail…) vous pouvez relire ma tribune « Hommes, que faisons-nous pour les femmes ?« .
Merci à Claire Genta et Micol Bertolini d’avoir partagé leur temps et leur savoir. Bravo aux comités Nogentais, à Antoine pour son énergie, bravo à la légère majorité d’homme venue participer à ce débat, et à En Marche 94 qui nous a permis de rassembler des Val-de-Marnais(es) de Villiers au Perreux à Vincennes… et même des étrangers (… des Parisiens).
Nous avons pris une photo contre l’antisémitisme à la fin du débat, tenu peu après la marche contre l’antisémitisme de 19h. Nous disons non à toutes les violences auxquelles sont confrontées nos sociétés: qu’elle s’exprime envers nos compatriotes de confession juive ou envers les femmes, dont une meurt tous les 2,7 jours en France des coups de son conjoint…
Le 26 mai, je vote et je fais voter pour une Europe progressiste, contre la régression des droits des femmes, contre la banalisation de la haine.
Pour approfondir :
- Chaque dimanche 18h sur Facebook Live, j’offre une formation Europe – vos questions sont bienvenues! Via ma page Facebook: www.facebook.com/SchamsEU
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