J’étais invité à Saint-Omer jeudi dernier pour débattre du Brexit, à deux pas de la « Coupole » où, en 1943, l’Allemagne d’Hitler construisait le site de lancement de ses fusées V2, qui devaient atteindre Londres en cinq minutes.
Aujourd’hui, en un cinquième de secondes, les 26 satellites européens du programme Galileo sont mobilisés pour nous géolocaliser, plusieurs fois par jour. Près de 20 milliards d’euros qu’aucun État européen n’aurait voulu financer seul pour construire une merveille technologique.
Surveiller la Terre, la fonte des glaces, les sécheresses. Trouver notre portable dans une voiture à huit cm près (d’ici 2020). Sauver plus rapidement les personnes enfouis sous les débris après un tremblement de terre – ou un ouragan, comme les États Unis qui ont demandé l’aide de l’UE pour retrouver leurs propres citoyens. Sauver des vies et non les détruire : la politique spatiale européenne, dont l’agence est située à Paris, nous amène au au cœur du projet européen.
Et pourtant, nous voilà à débattre des innombrables conséquences du Brexit, une forme bien réelle de dé-construction européenne.
Les Britanniques seront relégués au rang d’État tiers en quittant l’UE et ne pourront donc plus participer à l’élaboration des politiques européennes en matière spatiale, entre autres. Comme la Norvège ou la Suisse, ils pourront demander l’autorisation aux 27 pour bénéficier des programmes comme Galileo, moyennant financements. Étant donné qu’ils ne pourront jamais faire seuls ce qu’ils ont construits à 27, l’argument du « take back control » est une farce. Voilà ce qu’il arrive quand on suit l’extrême droite, aveuglée par la tentation du repli sur soi.
Notre souveraineté européenne est infiniment plus forte que notre souveraineté nationale. Que serait le programme Ariane sans la contribution budgétaire et scientifique de toute l’Union européenne ? Qui sait que le GPS, contrôlé par l’armée américaine, est sensiblement moins précis que notre système Galileo ?
Prenons d’urgence les leçons du fiasco qu’est le Brexit. Les mensonges de certains politiciens se disant plus « patriotes » que les autres sont infiniment dangereux pour notre avenir. Frexit, c’est briser l’industrie spatiale française – et profondément affaiblir l’industrie européenne vu la contribution première de la France dans ce domaine.
Navigation maritime, prévision météorologique, lutte contre le changement climatique, développement agricole, aide humanitaire…
Soyons fiers de nos réussites européennes, méfions-nous des charlatans qui ont réussi à emporter de justesse un référendum cauchemardesque outre-Manche, et défendons notre Union aujourd’hui plus que jamais.
Merci au comité LREM de Saint-Omer pour son accueil chaleureux, ce débat a rassemblé bien au-delà d’En Marche dans le public. Les questions et les contributions de personnes venues de Calais, de Wimereux ou de Boulogne-sur-Mer étaient particulièrement appréciées. Des ressortissants Britanniques, qui perdront leur citoyenneté européenne et tous les droits afférents le 29 mars, étaient particulièrement inquiets.
A la fin de notre échange j’ai offert à Tony, un Anglais résidant près de Saint Omer depuis 25 ans, le petit livre bleu que nous avions préparé avec Alyn Smith sur l’Europe.
Bravo aux organisateurs du comité de Saint-Omer, Eric, Stany et toutes/tous les autres.
Les fusées V2, c’est terminé. Les fusées Ariane, c’est notre fierté. Brexit, c’est un avertissement de premier ordre.
Et une petite vidéo de retour de Saint Omer:
A quoi sert l’Union européenne? A nous géolocaliser!
L’affiche :