Son violon posé derrière lui, Mabad Soleiman s’est joint à moi pour échanger ce vendredi 12 octobre avec quatre classes du lycée polyvalent Camille Pissaro de Pontoise – nous avons presque refait le monde en trois heures chrono !

De Raqqa d’où vient Mabad à Pontoise, il y a environ 4h30 d’avion. Sauf que là-bas, l’école, l’hôpital et l’ensemble des services publics furent bombardés par l’aviation syrienne pour réprimer une révolution populaire contre le clan Assad et son régime totalitaire. A partir du moment où les parents ne pouvaient envoyer leurs enfants à l’école, ceux qui pouvaient partir ont tenté de quitter leur pays – un crime en Syrie, sans autorisation du régime.

Aujourd’hui, le plus jeune violoniste de ma troupe Syrians Got Talent a 20 ans et il parle magnifiquement bien français, alors qu’il y a à peine deux ans je n’arrivais guère à le faire parler en public – notamment à notre concert à la Cité Miroir de Liège, en octobre 2016.

Grâce à l’école, Mabad a appris le français à la vitesse de la lumière. Il raconte cependant toutes les difficultés qu’il rencontre encore, lui et les autres réfugiés, pour s’intégrer. A 19 ans une question principale est -bien entendu- comment draguer à la belge ou à la française car les codes ne sont pas les mêmes – nous avons bien rigolés !

Les élèves ont aussi travaillé  sur les flux migratoires dans le cadre de leur programme : comprendre les raisons de l’immigration, c’est déjà commencer à chercher à la maîtriser.

L’agence européenne de l’Asile, l’agence de surveillance des frontières Frontex mais aussi le Système d’information Schengen, la Blue Card européenne, la base de données EURODAC et quantité d’autres institutions et programmes -surtout récents- cherchent à mieux surveiller les frontières mais aussi à mieux accueillir les immigrants économiques, les demandeurs d’asile, les bénéficiaires de la protection subsidiaires et les réfugiés.

Investir dans le dialogue et l’inclusion sociale est une nécessité, même avec si peu de nouveaux-arrivants en comparaison avec les autres régions du monde. L’ensemble des politiques culturelles, éducatives et sociales nationales contribuent fortement à l’intégration de ces nouveaux arrivants. Les différences culturelles et sociales persisteront sans un effort des deux côtés et d’abord de la part des populations d’accueil, qui sont en position de force par rapport à des personnes souvent isolées dans leurs nouvelles sociétés.

Merci à Fanny Dubray et le lycée Camille Pissaro de nous avoir permis de jouer et de débattre avec des lycéens et des lycéennes exceptionnels, qui nous ont impressionnés, autant avec leurs questions qu’avec leurs visions du monde de demain : un monde plus stable mais aussi un monde plus solidaire et plus tolérant.

Pour revoir un extrait de notre échange, violon à la main :

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