Un 31 octobre 2018, on se fait peur, même à Saint Quentin, ville fantôme il y a 100 ans. Alors, pour se rassurer, LREM Aisne y a organisé un débat sur l’Europe. Pas celle que l’on entend à la TV.

Pas l’Europe de la dérégulation, de la mondialisation aveugle, des normes incompréhensibles dont certains politiciens nous parlent. Ni l’Europe de l’ancien temps, celle qui arracha des millions de vies à nos familles, qui laissa Saint Quentin en un champ de ruine comparable à la ville de Homs actuelle.

Nous avons parlé d’une autre Europe, en ce soir pluvieux au bar du Carillon, non loin de la magnifique mairie de Saint Quentin.

Nous avons débattu d’une Europe proche de nous, à l’écoute. D’une Europe qui s’est organisée de façon à prendre toutes ses décisions dans la transparence, lorsque nos 28 États et nos députés européens s’accordent sur un texte de loi, et non des menaces de représailles. La Basilique de Saint Quentin, immense et digne d’une cathédrale, reste jusqu’à présent marquée par la première guerre mondiale. Sa restauration est financée par l’Union européenne, cette fameuse organisation qui doit, pour citer Robert Schuman en 1950, « changer le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes. »  Ce miracle de notre histoire commune, c’est l’Union européenne.

Mais au-delà de la guerre, la peur subsiste.

Peur du chômage de masse, du déclin économique et social, de la perte de notre souveraineté.  Nous en avons discuté longuement. Halloween ou pas, les angoisses sont réelles, mais elles sont communes.

Nous avons les mêmes peurs que nos voisins belges, allemands ou… britanniques.

L’angoisse du Brexit

Seuls, que pèsent nos amis outre-Manche face à ce monde qui évolue plus vite que nous ? Peu de choses. Par exemple, comment renégocier seuls leurs relations avec les mastodontes de ce monde ? Malgré la puissance économique du Royaume Uni, qui pèse autant que la France , aucune puissance étrangère n’a souhaité enclencher des négociations commerciales avec Londres sans savoir l’avenir de sa relation avec nous, les 27. Car nous sommes (bien) plus forts à 28 que seuls !

Pourquoi Apple accepte, enfin depuis mai dernier, de payer une amende record de 13 milliards d’euros à l’Irlande pour concurrence fiscale déloyale ? Car nos lois européennes sont plus fortes qu’Apple. Pourquoi Facebook, qui profite de notre vie privée, a montré patte blanche lorsque son PDG Mark Zuckerberg fut convoqué au Parlement européen ? Car Facebook a peur du pouvoir de nos députés européens. Pourquoi Trump a-t-il fait marche arrière lorsqu’il annonça qu’il taxera les automobiles européennes entrant aux États Unis ?  Parce qu’en juillet dernier nous avons parlé d’une voix et envoyé le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, menacer Trump de sanctions européennes qui toucheraient au cœur de l’industrie Américaine. Car nous sommes plus forts à 28 !

Halloween vient certes d’Irlande, celle-ci n’a pas peur de l’UE.

Après la crise financière, le Parlement européen a voté 38 lois régulant la finance pour en combattre les dérives qui avaient profondément déstabilisés l’Irlande. Depuis le Brexit, notre solidarité européenne a apporté à Dublin tout le soutien nécessaire aux négociations avec Londres. A l’inverse, mes amis d’Outre-Manche sont angoissés de quitter l’Union européenne. Que se passera-t-il pour leur démocratie, s’ils ne peuvent plus participer aux élections européennes du 26 mai 2019, mais qu’ils doivent de toute manière appliquer, comme les Norvégiens et les Suisses, la grande majorité des lois européennes sans les voter ? Leur déclin démocratique est programmé au 30 mars 2019, date de la fin de leur adhésion à l’UE, seule organisation au monde à être -vous avez bien lu- démocratique.

En partageant leur souveraineté avec nous, les Britanniques ont réussi à négocier 750 accords internationaux qu’ils vont devoir renégocier seuls demain, en pesant huit fois moins face à la Chine ou aux Etats Unis.

Peur des OGM, du bœuf aux hormones, du saumon transgénique ou du poulet au chlore ? L’UE nous en protége en interdisant aux géants de l’agroalimentaire d’en importer chez nous. Demain, l’éleveur écossais ou gallois ne sait pas si Londres le protégera autant dans des négociations commerciales qui s’annoncent bien plus difficiles que le prétendait l’extrême-droite britannique.

L’Europe est aussi une protection de nos droits et de nos libertés 

Les associations LGBT en Irlande du Nord n’auront plus de fonds publics si le Royaume Uni quitte les programmes européens, car leurs partis politiques locaux s’y opposent. Les syndicalistes n’auront plus la Charte européenne des droits fondamentaux qui consacre au niveau supranational le droit des salariés à la consultation et à l’information en entreprise. Les syndicats britanniques s’en sont aperçus et demandent maintenant un second vote pour rester dans l’UE, car ils ont compris que le repli national affaiblira l’emploi et les droits sociaux.

Non loin d’ici dans l’Aisne, c’est la CGT qui a gagné contre Castorama sur le travail dominical, grâce à la Cour de Justice de l’UE. Les pêcheurs anglais ont déjà commencé à se battre pour prendre les prises françaises de coquille Saint Jacques dans la Manche, peut être un symbole du début de la dé-construction européenne. Sans les restaurants et les amateurs de poissons de toute l’UE, qui achètent 85% de leurs prises, les pêcheurs britanniques ne pourront pas survivre. Reprendre le contrôle de leurs eaux territoriales et de leurs 200 miles nautiques tout en perdant l’accès sans taxe ni quotas à la clientèle européenne : un désastre économique qu’ils veulent à présent éviter.

A Saint Quentin, l’Europe est partout pour aider, pas pour entraver.

De la réinsertion professionnelle pour les personnes en difficulté, financée par le Fond Social Européen sur lequel Paul a beaucoup travaillé, à l’isolation énergétique des bâtiments, en passant par la basilique en cours de restauration: l’Europe est ultra locale. Le deuxième employeur privé de l’Aisne est l’allemand Volkswagen qui affiche à Villers-Cotterêts ses meilleures performances d’Europe. Audi, Skoda, Seat et Bugatti viennent toutes s’approvisionner ici, grâce à 750 employés de tous les niveaux de qualifications. Avec les mêmes règles au lieu de 28 différents régimes juridiques, l’Union européenne apporte des solutions communes à des problèmes communs – et le Parlement européen veille au respect de ses règles, notamment en s’attaquant aux supercheries des constructeurs d’automobiles, révélées par le #DieselGate que la députée européenne française Karima Delli suit de près comme Présidente de la Commission des Transports au Parlement européen.

Ne faudrait-il pas, cependant, soutenir plus d’investissements publics dans les voitures électriques, afin d’accompagner la transition vers l’automobile verte ? C’est ce qu’a décidé le parlement européen en octobre dernier. Malheureusement les députés européens du Front National, premier parti de France au Parlement européen, ont voté contre cette initiative européenne qui aiderait notre économie à s’adapter aux nouveaux défis industriels et écologiques.

Au prochain mandat -c’est à dire après les élections européennes du 26 mai 2019-, le nouveau Parlement européen pourrait proposer de soutenir des champions européens de la batterie solide pour non seulement soutenir l’électrique mais devenir plus indépendant des producteurs de batteries asiatiques. Comment voteront les anti-européens comme le FN et les Patriotes de Dupont-Aignan? De la même façon qu’en octobre 2018: contre. Valeur ajoutée pour notre avenir: zéro.

Voulons-nous une Europe qui protège, une Europe forte et unie face à la mondialisation ? Ou voulons nous tout abandonner et quitter la maison Europe, dans lesquels il y a certes des problèmes mais où nous faisons les choses ensemble?

Face à nos peurs, l’Europe nous apporte des solutions.

Alors, comme notre débat sur l’Europe à Saint Quentin l’a conclu, votons le 26 mai 2019.

Merci LREM Aisne, Sawsen, Nicole, Paul, Benjamin, Alexandra et Michel pour l’organisation, et un grand merci à Bruno Sockeel de m’avoir si gentiment hébergé.

Et bravo à Agnès qui a remporté le petit livre bleu que nous avons utilisé pendant notre campagne intense contre le Brexit en Ecosse, n’oublions pas nos amis et le drame qu’ils vivent outre-Manche.