Comment conjuguer justice sociale et transition écologique en Europe? 

Notre continent a développé le modèle de l’Etat providence. Les syndicats modernes ont vu le jour en Allemagne. La sécurité sociale, au Royaume Uni. Les congés paternités, en Suède. Cependant, le pouvoir d’achat stagne pour une part toujours croissante des Européens. Il croît certes en moyenne, mais les inégalités vont en s’accroissant elles-aussi, laissant de côté des millions de femmes et d’hommes.

L’Europe a compris, d’autre part, que notre planète ne pouvait être brûlée, défrichée, vidée de toutes ses ressources sans conséquence fondamentale pour notre écosystème. Nos médicaments proviennent des forêts. L’air que nous respirons nous fait vivre, il peut nous tuer aussi. L’eau, source de la vie, manque à l’Europe plus qu’à n’importe quel autre continent à part l’Afrique. L’Europe porte une immense responsabilité en ayant apporté la révolution industrielle et ses conséquences structurelles sur nos sociétés et leurs modes de vie.

Aujourd’hui, l’Union européenne est l’organisation internationale la plus active contre le réchauffement climatique. Contre la pollution marine, fluviale, de l’air ou des terres. Nous avons mis un coup d’arrêt à la déforestation, interdit des milliers de produits chimiques, imposé les normes environnementales les plus strictes à nos industries automobiles.

Tant reste à faire néanmoins. Lorsque le Parlement européen vota en octobre 2018 pour soutenir financièrement et juridiquement les voitures électriques, le premier parti y représentant la France s’y opposa – le FN/RN. Même en nous diversifiant vers l’électrique, notre dépendance énergétique serait problématique, cette-fois envers l’Asie car la Chine, la Corée et le Japon sont les uniques producteurs de ces batteries. C’est pourquoi la France et l’Allemagne se sont mis d’accord cette semaine pour construire un “Airbus de la batterie”, avec l’accord de la Commission européenne pour subventionner ces nanotechnologies européennes du futur.

Y arriverons-nous? Le 26 mai, les Européens auront un nouveau Parlement européen, en charge des nouvelles directions à prendre jusqu’en 2024. Si les climato-sceptiques ou les anti-européens -souvent les mêmes- remportent une part plus importante des votes, rien n’est moins certain.

L’Union finance nos chercheurs à Grenoble pour trouver les solutions de demain. Par exemple à l’institut Jean Lamour où je me suis rendu le lendemain (à Nancy), nos chercheurs franco-européens veulent créer des voitures moins chères tout en étant plus résistantes, plus légères et donc moins polluantes. 

Demain, arriverons nous à sauver l’Europe de ses démons nationalistes, pour y établir un budget ambitieux qui permettrait de relancer nos économies, comme le veut le gouvernement français ou espagnol? Angela Merkel a donné son accord de principe pour une augmentation substantielle avec un budget propre à la zone euro, tout reste encore à faire cependant. 

Le Parlement européen que nous choisirons en mai 2019 aura-t-il un jour un pouvoir décisionnaire sur les grandes décisions économiques touchant aux pays de la zone euro, comme celles portant sur le nouveau Mécanisme européen de stabilité qui a mis à disposition 700 milliards d’euros pour les Etats européens qui ne pouvaient plus emprunter, comme la Grèce ou l’Irlande?

La transition écologique, comme la protection de nos acquis sociaux et leurs approfondissements sont intimement liés.

L’euro nous a protégés de la flambée des prix des hydrocarbures, qui aurait été encore plus douloureuse avec le franc.

Les exemples sont nombreux, j’en ai cités d’ailleurs certains dans mon dernier article sur les gilets jaunes et l’Europe ici:

L’Europe doit entendre les gilets jaunes

Un grand merci à En Marche Isère pour leur invitation, l’accueil des Grenoblois fut mémorable! Même si je n’ai finalement pas pu goûter aux fameuses noix de Grenoble, une AOC protégée dans toute l’Union et qui reconnaît le savoir-faire locale de cette région.

Merci enfin aux organisateurs Bertrand Biju-Duval, grand aguerri de l’Europe, Jean-Pierre Arroyo, le référent Isère, Cécile, Meziane, Aline, Olivier…